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Jusqu’alors, nous avions eu le site pour nous seuls. Sous peu, le monde nous tiendrait compagnie.

Le monde, et tout ce que cela impliquait, c’est-à-dire les journalistes mais aussi les kuinistes de tous bords… même si nous espérions que l’isolement du lieu et la brièveté du délai permettraient d’éviter un hadj massif. (« C’est notre hadj, avait répété Sue. Celui-là, il est à nous. »)

Voilà pourquoi nos troupes uniforces se sont déployées devant le grillage et jusqu’en haut du promontoire. Voilà pourquoi nous avons averti la police des autoroutes et les officiels de l’État. Qui n’ont pas du tout apprécié que nous ayons rendu notre action publique, mais ne disposaient pas de l’autorité nécessaire pour nous arrêter. Ray Mosely a calculé que nous bénéficiions tout au plus de douze heures avant que les premiers étrangers arrivent. Nous avions déjà réussi à ériger une structure en grue au-dessus des fondations qui supporteraient le cœur tau, et à monter puis à tester notre équipement auxiliaire. Mais nous n’en avions pas terminé.

Sue a rôdé autour du grand camion à plateau qui transportait le cœur lui-même, en s’efforçant d’anticiper les actions des ingénieurs, jusqu’à ce que Ray et moi la distrayions en l’emmenant déjeuner. Nous avons englouti des repas de surplus militaires sous une toile de tente tandis que Ray nous faisait parcourir une check-list. Nous avions avancé plus vite que prévu, ce qui a apaisé quelques-unes des craintes de Sue.

Du moins pour un temps. Sue était « agitée », comme disent les docteurs. En fait, elle donnait tous les signes d’un effondrement nerveux imminent. Elle gesticulait sans cesse et sans but, tambourinait des doigts, clignait des yeux et avouait n’avoir pu dormir. Au beau milieu d’une conversation, son regard dérivait vers l’emplacement en béton du cœur et vers la structure de support aux tubes d’acier miroitant.

Elle n’a pas cessé de parler du projet. Elle a tout d’abord craint un retard de la presse, puis une arrivée prématurée du Chronolithe. « Le plus important n’est pas ce que nous faisons ici, a-t-elle dit, mais ce qu’on nous voit faire ici. Nous ne réussirons que si le monde nous voit réussir. »

(J’ai alors pensé que tout cela ne tenait vraiment pas à grand-chose. Nous n’avions que la promesse de Sue que la destruction d’un Chronolithe au moment de son apparition pourrait inverser la balance de cette guerre de l’ombre, déstabiliser cette boucle de rétroaction dont Kuin était censé dépendre. Mais Sue se fondait-elle uniquement sur des calculs ou prenait-elle aussi ses désirs pour la réalité ? Grâce à sa position et à ses ardents plaidoyers, Sue avait pu nous emmener tous jusque-là, investie comme elle l’était de l’autorité de ses mathématiques et de la profondeur de sa compréhension de la turbulence tau. Cela ne voulait pas forcément dire pour autant qu’elle avait raison. Ni même qu’elle était saine d’esprit.)

Après le repas, nous avons observé une équipe de débardeurs se faire assister d’un grutier pour soulever le cœur tau de sa caisse et le transporter jusqu’à sa dernière demeure avec autant de précautions que s’il s’agissait d’une cargaison de dynamite. Le cœur était une sphère de trois mètres de diamètre d’un noir anodisé et truffée de ports électroniques et de baies pour les câbles. J’ai déduit de ce que m’avait raconté Sue qu’il s’agissait en substance d’une bouteille magnétique renfermant déjà une forme exotique de plasma froid. Quand on activerait le cœur, une batterie d’appareils à grande énergie initierait une décohésion fermionique qui créerait quelques particules de matière tau-indéterminée pratiquement dépourvues de masse.

Ce matériau, affirmait Sue, essayerait d’occuper l’espace du Chronolithe qui arrivait, ce qui suffirait à le déstabiliser. Ce que cela pouvait bien signifier restait peu clair, du moins pour moi. Sue disait que l’interaction entre ces espaces tau en compétition serait violente mais « ne dégagerait pas une énergie excessive », c’est-à-dire qu’a priori elle n’effacerait pas le comté de Modesty et nous par la même occasion de la surface de la Terre. À priori.

Au crépuscule, le cœur était fixé en place et relié à nos appareils électroniques par l’intermédiaire d’un faisceau de fibres optiques et de fils conducteurs gainés d’azote liquide. Il nous restait encore beaucoup à faire, mais l’essentiel du gros œuvre de levage et de creusement était terminé. Ce que les civils ont célébré avec des entrecôtes grillées et de nombreuses bouteilles de bière. Un groupe d’ingénieurs plus âgés s’est rassemblé près de la route après le dîner pour évoquer le bon temps et chanter de vieilles chansons de Lux Ebone (au grand dam des jeunes troupes uniforces). Je me suis joint à eux pour les refrains.

Nous avons eu notre première victime cette nuit-là.

Malgré notre isolement, il subsistait une circulation occasionnelle sur les deux voies de la route secondaire par laquelle nous étions arrivés. Nous avions placé des hommes au nord et au sud sur le bord de la chaussée, des soldats porteurs des brassards orange des ouvriers d’autoroute. Avec leurs torches à incandescence, ils faisaient signe de circuler à quiconque semblait porter un intérêt plus que superficiel à nos camions et à notre équipement. Cette stratégie avait plutôt bien fonctionné jusque-là.

Mais peu après le lever de la lune, un homme dans une berline landau vert-de-gris a coupé son moteur et ses phares au sommet de l’éminence située au nord, qu’il a descendue en roue libre sur l’accotement jusqu’à parvenir à moins de quinze mètres de notre camion de tête, là où la lueur des lumières du camp se fondait dans l’ombre.

Il est sorti sur la berme de graviers, le dos tourné vers deux membres des troupes de sécurité qui approchaient, et en se retournant il a démasqué une forme lourde et indéterminée qui s’est révélée être celle d’un vieux fusil à pompe. Il l’a braqué sur les deux hommes des Uniforces et a tiré, tuant le premier et aveuglant définitivement le deuxième.

Par chance, le chef de la sécurité cette nuit-là était une femme intelligente et compétente nommée Marybeth Pearlstein, qui avait assisté à la scène depuis une station de surveillance située à quinze mètres de là sur la route. Quelques petites secondes plus tard, le fusil levé, elle contournait le pare-chocs du camion le plus proche et descendait l’agresseur d’un seul coup de feu bien ajusté.

Nous n’avons pas tardé à découvrir que l’homme était un fanatique copperhead bien connu des services de police locaux. Une camionnette du service médico-légal du comté s’est présentée deux heures plus tard et a emmené les corps ; une ambulance a transporté le survivant au centre médical du comté de Modesty. J’imagine qu’il aurait pu y avoir enquête si les choses avaient tourné différemment par la suite.

 

Ce que j’ignorais…

C’est-à-dire, ce que j’ai appris plus tard…

Je vous demande pardon, mais que ces mots stupides et impuissants aillent se faire foutre.

Vous l’entendez qui grince sous la page imprimée, cette atrocité exhumée du sol de trop d’années ?

Ce que j’ignorais, c’est que plusieurs membres de la milice PK du Texas – les gens dont Hitch m’avait parlé, ceux qui lui avaient pris deux de ses doigts – avaient déjà suivi une piste de relations clandestines jusqu’au domicile de Whitman Delahunt.

Whit n’avait apparemment pas cessé de mettre ses collègues au courant de mes allées et venues à partir du moment où j’étais parti chercher Kaitlin à Portillo. Les élites PK et copperheads s’intéressaient déjà alors à Sue Chopra, comme on s’intéresse à un ennemi en puissance, ou pire, à une marchandise, à une ressource potentielle.

Je ne pense pas que Whit ait pu prévoir les conséquences de ses actes. Après tout, il ne faisait que partager quelques informations intéressantes avec ses copains copperheads (qui les partageaient avec les leurs, et ainsi de suite depuis l’univers banlieusard de Whit jusqu’aux cadres militants dans la clandestinité). Dans le monde de Whit, les conséquences étaient toujours lointaines et les récompenses immédiates, sinon ce n’était pas des récompenses. Il n’y avait rien d’authentiquement politique dans les penchants copperheads de Whit Delahunt. Il voyait le mouvement comme une espèce de Rotary ou de club Kiwani où l’on payait sa cotisation avec des informations. Je doute qu’il ait jamais vraiment cru à un Kuin substantiel, physique. Si Kuin lui était apparu, il en aurait été aussi stupéfait qu’un chrétien du dimanche se retrouvant face au charpentier de Galilée.

Ce qui, je m’empresse de l’ajouter, n’est pas une excuse.

Mais je suis sûr que Whit n’avait jamais envisagé que ces miliciens texans frapperaient à sa porte bien après minuit, rentreraient chez lui comme si c’était chez eux (parce que lui était des leurs) avant de lui soutirer sous la menace de leurs armes l’adresse de l’appartement dans lequel Ashlee et moi vivions.

Janice était présente lors de cette intrusion. Comme elle n’arrivait pas à persuader Whit de ne pas répondre aux questions des intrus, elle a voulu appeler la police. Ses efforts n’ont eu d’autre résultat qu’un coup de crosse qui lui a brisé la mâchoire et la clavicule. Je suis certain qu’ils auraient été tous deux abattus si Whit n’avait promis de garder Janice sous contrôle – il n’avait rien à gagner à porter plainte et je suis sûr qu’il s’est dit qu’il ne pouvait rien faire pour les arrêter – et sans sa potentielle utilité ultérieure pour le mouvement.

Ce que ni Whit ni Janice ne pouvaient savoir, c’est qu’un de ces miliciens portait depuis longtemps un intérêt personnel aux activités de Sue Chopra et Hitch Paley : je veux bien entendu parler d’Adam Mills. Adam avait regagné sa ville natale dans un accès d’antinostalgie, ravi que les fils de sa vie se soient rejoints d’une si étrange et si satisfaisante façon. Je suppose qu’il en retirait une impression de destinée, un intense sentiment d’importance personnelle.

S’il avait connu l’expression, il aurait pu se considérer « en plein dans la turbulence tau ». Adam avait perdu le bout de deux de ses doigts, gelés dans les séquelles de Portillo – et certainement pas par coïncidence, les deux mêmes qu’il avait plus tard soustraits à coups de machette à Hitch. Il avait du coup le sentiment d’être en droit d’agir à sa guise, comme si Kuin l’avait oint en personne.

Durant ces événements, Kait, Dieu merci, dormait dans son appartement au-dessus du garage. Il y avait eu du bruit, mais pas suffisamment pour la tirer du sommeil. Elle n’avait pas été impliquée.

Du moins, pas encore.

 

Ne pouvant fermer l’œil après la fusillade sur la route, j’ai marché un peu avec Ray Mosely sur le sol jonché d’objets entre la tour du cœur et les abris préfabriqués.

Le camp s’était pour l’essentiel apaisé, et hormis le bourdonnement assourdi des générateurs il y avait peu de bruit. En fait, on pouvait enfin entendre le silence, apprécier son existence, profonde et puissante, hors de la prétention de la lumière.

Je n’avais jamais été intime avec Ray, mais ce voyage nous avait un peu rapprochés. À notre première rencontre, c’était un rat de bibliothèque, genre surdoué des livres manquant de confiance en lui et ne craignant rien davantage que sa propre vulnérabilité. Cela le mettait en permanence sur la défensive, le rendait cassant. Il était toujours ainsi. Mais des années d’abnégation compulsive avaient fait de lui un homme mûr, davantage conscient de ses défauts.

« Tu t’inquiètes pour Sue », a-t-il affirmé.

Je me suis demandé si je devais en parler. Mais nous étions seuls, personne ne pouvait surprendre notre conversation. Il n’y avait que Ray, moi et les lièvres.

« Elle est manifestement sous pression, ai-je dit. Et elle ne le gère pas spécialement bien.

— Tu t’en sortirais mieux, à sa place ?

— Probablement pas. Mais écoute comment elle parle. Tu vois ce que je veux dire. Maintenant, c’est presque tout le temps comme ça. Du coup, on finit par se demander…

— Si elle n’est pas folle ?

— Si la logique qui nous a amenés ici est aussi implacable qu’elle le pense. »

Ray a semblé y réfléchir. Il s’est fourré les mains dans les poches et m’a adressé un sourire triste. « Fais confiance aux maths.

— Ce ne sont pas les maths qui m’inquiètent. On n’est pas là pour les maths, Ray. On est dix ou quinze sauts de foi au-delà.

— Tu n’as pas confiance en elle, c’est ça que tu veux me dire ?

— Pas confiance dans quel sens ? Est-ce que je pense qu’elle est honnête ? Oui. Qu’elle croit bien faire ? Bien sûr qu’elle le croit. Mais est-ce que je me fie à son jugement ? Là, je ne suis pas sûr.

— Tu as pourtant accepté de nous accompagner ici.

— Elle sait se montrer convaincante. »

Ray n’a pas répondu tout se suite, il a plongé le regard dans les ténèbres qui s’étalaient derrière le cadre métallique entourant le cœur tau, pour le fixer sur les broussailles, sur l’herbe sauvage qu’éclairait la lune, sur les étoiles. « Pense à ce à quoi elle a renoncé, Scott. Pense à la vie qu’elle aurait pu avoir. Elle aurait pu connaître l’amour. » Il a eu un faible sourire. « Je sais que mes sentiments pour elle sont évidents. Et je sais qu’ils sont ridicules. Quel putain de cirque. Quelle connerie. Elle n’est même pas hétérosexuelle. Mais l’amour, à défaut du mien, elle aurait pu le connaître avec quelqu’un d’autre. Avec l’une de ces femmes avec qui elle est toujours en train de sortir tout en les ignorant, en les insérant ou en les supprimant du film de sa vie comme on écarte une bobine de réserve du montage final. Mais elle les écarte parce que son travail est important, et plus elle travaille plus il devient important, et maintenant elle s’y consacre tout entière, elle lui appartient. En fait, tout au long de sa vie, chaque pas qu’elle faisait l’approchait d’ici. Je pense même qu’en ce moment, Sue se demande si elle n’est pas en train de délirer.

— Nous lui devons donc le bénéfice du doute ?

— Non, a répondu Ray. Nous lui devons plus que cela. Nous lui devons notre loyauté. »

Toujours aussi désireux d’avoir le dernier mot, c’est ce moment-là qu’il a choisi pour faire demi-tour et rentrer au camp.

Je ne l’ai pas suivi, je suis resté debout, en silence, entre la lune et les projecteurs. À cette distance, le cœur tau avait l’air bien petit. Une toute petite chose avec laquelle faire levier afin d’obtenir un résultat si loin dans le temps.

 

Quand j’ai trouvé le sommeil, j’ai dormi longtemps et à poings fermés. Je me suis éveillé à midi sous le toit translucide de l’abri gonflable, seul à l’exception de quelques membres de l’équipe de nuit épuisée et d’autres du service de sécurité qui avaient fini leur garde.

Personne n’avait songé à me réveiller. Tout le monde avait été bien trop occupé.

J’ai quitté l’ombre de l’abri et me suis retrouvé sous un soleil de plomb. Le ciel, d’un éclat brutal, ressemblait à un léger vernis bleu tendu entre la prairie et le soleil. Mais c’est le bruit qui m’a tout d’abord frappé. Si vous êtes déjà passé près d’un stade un jour de match, vous connaissez ce grondement que produit une multitude de voix humaines.

Je suis tombé sur Hitch Paley près de la tente-cantine.

« Il y a plus de journalistes qu’on ne s’y attendait, Scotty, m’a-t-il annoncé. On en a toute une foule qui bloque la route. La police des autoroutes essaye de la leur faire dégager. Tu sais qu’on nous a déjà dénoncés, au Congrès ? Les gens se couvrent au cas où on ne réussisse pas.

— Tu crois qu’on a une chance ?

— Peut-être. S’ils nous laissent le temps. »

Mais personne ne voulait nous en laisser. Les milices kuinistes arrivaient par camions entiers, et le lendemain matin la fusillade avait sérieusement commencé.

 

Les Chronolithes
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